Google est au cœur d’une bataille juridique antitrust majeure avec le ministère américain de la Justice (DOJ), qui s’attaque à son supposé monopole dans les domaines de la recherche en ligne et des technologies associées, notamment le navigateur Chrome et le système d’exploitation Android. Ces outils phares de Google sont au centre d’un débat sur la concurrence, la régulation et l’impact d’une domination technologique sans précédent.
Un historique de tensions avec les régulateurs
L’attention des autorités sur Google ne date pas d’hier. Depuis les années 2000, le géant de Mountain View est régulièrement accusé d’abuser de sa position dominante pour maintenir son monopole. La Commission européenne a infligé plusieurs amendes massives à l’entreprise pour ses pratiques commerciales concernant Android et la publicité en ligne.
Aux États-Unis, l’enquête actuelle a franchi un cap en septembre 2023, lorsque le DOJ a porté plainte en dénonçant des stratégies visant à verrouiller le marché de la recherche en ligne. Ces accusations incluent des partenariats exclusifs, comme ceux avec Apple ou Samsung, qui intègrent Google comme moteur de recherche par défaut sur leurs appareils
Pourquoi Chrome et Android sont dans le viseur ?
Le DOJ reproche à Google d’utiliser Chrome et Android pour renforcer son contrôle sur les données des utilisateurs et favoriser ses propres produits.
- Chrome : Avec plus de 66 % de parts de marché, Chrome domine le secteur des navigateurs. Les autorités estiment que Google l’utilise pour diriger le trafic vers ses services, consolidant ainsi son emprise sur la publicité en ligne.
- Android : Ce système, installé sur près de 70 % des smartphones dans le monde, donne à Google une position stratégique. Grâce à Android, la firme impose ses applications, comme Google Search ou Google Play, en limitant l’accès des concurrents à une exposition équitable.
Le DOJ envisage des mesures radicales, notamment le démantèlement de Google. La cession forcée de Chrome, et potentiellement d’Android, figure parmi les hypothèses envisagées pour rétablir une concurrence loyale.
Les conséquences d’un démantèlement
Un tel scénario serait inédit depuis la scission d’AT&T en 1982, qui avait été imposée pour briser son monopole sur les télécommunications. La perte de Chrome ou d’Android affaiblirait fortement la capacité de Google à collecter des données et à maintenir son modèle économique axé sur la publicité ciblée.
Cependant, les démantèlements effectifs restent rares. En 2000, Microsoft avait été menacé d’une séparation, mais le jugement avait été annulé en appel. De plus, Google défend son intégration verticale, affirmant qu’elle bénéficie aux consommateurs grâce à des services de qualité supérieure et gratuits.
Le rôle des smartphones et l’hégémonie sur le marché mobile
Android est une pièce maîtresse de l’écosystème Google, permettant de contrôler les interactions des utilisateurs avec internet. En intégrant des applications par défaut, comme Chrome et Google Search, Android favorise un usage massif de ses services, au détriment des alternatives. Cette stratégie a déjà été jugée problématique par l’Union européenne, qui a imposé des amendes et exigé des changements dans le choix des moteurs de recherche par défaut
La prochaine étape de l’enquête américaine est prévue pour fin novembre 2024, où les juges doivent préciser les éventuelles sanctions ou solutions pour réduire la domination de Google. Pendant ce temps, l’entreprise continue de contester ces accusations, mettant en avant sa popularité auprès des utilisateurs et l’innovation qu’elle apporte au marché.
Dans ce contexte, Google joue sur le terrain médiatique et économique. L’entreprise avertit que toute scission pourrait augmenter les coûts pour les consommateurs et ralentir l’innovation, notamment face à Apple, son principal concurrent sur le marché des smartphones
Le débat plus large sur la régulation technologique
Cette affaire s’inscrit dans une tendance globale où les régulateurs cherchent à mieux encadrer les géants du numérique. Les États-Unis, historiquement plus laxistes que l’Europe, semblent durcir leur position à l’égard de leurs propres champions technologiques. Au-delà de Google, des enquêtes antitrust visent également Apple, Amazon et Meta. 😑
Conclusion
Evidemment, Google et sa maison mère Alphabet n’ont bien sûr pas grand-chose à craindre. Ils ont les ressources pour faire face. Néanmoins, le retrait de Android ou encore de Chrome du portefeuille de services et produits de Google ne serait pas une bonne nouvelle pour l’entreprise !