Une crise persistante
Intel traverse une période turbulente marquée par la démission de son PDG, Pat Gelsinger, après près de quatre ans à la tête de l’entreprise. Cette décision, officialisée le 1er décembre 2024, reflète l’incapacité d’Intel à redresser la barre dans un secteur où il fut autrefois leader incontesté. La société a désigné David Zinsner et Michelle Johnston Holthaus comme co-CEO intérimaires, le temps de trouver un successeur définitif.
Une succession de défis
Pat Gelsinger avait été rappelé chez Intel en 2021 avec pour mission de restaurer la domination technologique et industrielle de l’entreprise. Cependant, son mandat s’est soldé par une perte significative de parts de marché au profit de concurrents tels que TSMC, Nvidia et AMD. En 2024, la valeur boursière d’Intel a chuté de plus de 50 %, reflétant la perte de confiance des investisseurs face aux promesses non tenues. Les tentatives de moderniser les capacités de fabrication de la société et de produire un processeur phare en interne d’ici 2024 n’ont pas répondu aux attentes, ce qui a exacerbé les inquiétudes quant à l’avenir de l’entreprise.
Un historique d’opportunités manquées
Les problèmes d’Intel remontent bien avant l’arrivée de Gelsinger. La société a manqué le virage des terminaux mobiles dans les années 2000, laissant ARM dominer ce marché avec des processeurs écoénergétiques adaptés aux smartphones et tablettes. Plus récemment, Intel fait face à la montée des processeurs Qualcomm dans les ordinateurs portables, ces derniers offrant des performances compétitives avec une meilleure autonomie grâce à leur architecture ARM.
Par ailleurs, l’échec d’Intel à innover rapidement dans le domaine des processeurs pour l’intelligence artificielle et les datacenters a permis à Nvidia de s’imposer comme le leader dans ce secteur stratégique. Cette domination est amplifiée par le rôle clé des GPU Nvidia dans le développement des modèles d’intelligence artificielle générative, un domaine en pleine explosion.
Les initiatives et leurs limites
Sous Gelsinger, Intel avait élaboré un plan ambitieux pour relancer sa compétitivité. Cela comprenait des investissements massifs dans de nouvelles usines de semi-conducteurs, notamment aux États-Unis, et l’obtention de subventions gouvernementales. L’entreprise a reçu 7,86 milliards de dollars de financement fédéral, mais cela n’a pas suffi à compenser ses retards technologiques et les coûts de production élevés par rapport à des concurrents comme TSMC, dont les processus sont considérés comme les plus avancés au monde.
Intel a également cherché à diversifier ses activités en développant sa branche « Intel Foundry Services », visant à produire des semi-conducteurs pour d’autres entreprises. Bien que prometteuse, cette stratégie se heurte à une concurrence intense et aux doutes sur la capacité d’Intel à livrer des produits à temps et à moindre coût.
Une lueur d’espoir ?
La démission de Gelsinger a fait grimper les actions d’Intel de 4,1 %, signalant un regain d’optimisme parmi les investisseurs. Toutefois, l’avenir reste incertain. Le prochain PDG devra surmonter d’immenses défis : redresser les finances de l’entreprise, maintenir la cadence face aux avancées rapides des concurrents et regagner la confiance des partenaires et des actionnaires.
En parallèle, Intel peut tirer parti de sa longue histoire d’innovation et de son expertise technique pour tenter de réinventer sa stratégie. Une attention particulière devra être accordée aux segments en croissance, comme l’intelligence artificielle, les processeurs pour datacenters et les solutions pour véhicules autonomes.
Conclusion
La démission de Pat Gelsinger illustre les profondes difficultés auxquelles est confronté Intel, autrefois leader incontesté du marché des semi-conducteurs. Entre opportunités manquées et concurrence féroce, l’entreprise doit impérativement se réinventer pour éviter une marginalisation progressive. Le choix du prochain PDG sera déterminant pour orienter Intel vers une nouvelle ère de compétitivité et d’innovation.