Très remarqués dès le début de l’année 2022 et toujours en cours sur 2023, des licenciements de masse ne cessent d’être annoncés par les grandes entreprises de la tech.
Certains observateurs du milieu de la high-tech, au terme d’une année, ont alors enquêté pour découvrir ce qui était advenu de ces dizaines de milliers d’employés.
La fin de l’ère Covid pour les GAFAM
Bien que le mouvement de récession et d’atrophie de l’économie occidentale n’épargne personne, ce n’est cependant pas cette tendance conjoncturelle qui fut responsable des licenciements observés. Microsoft a dû se résoudre, dès le début de l’année 2023, à se séparer de dix-mille salariés, contre onze-mille chez Meta – anciennement Facebook – et 12 000 chez Amazon. De tels montants, loin d’être anodins, traduisent un événement économique plus marquant.
En effet, l’année 2022 fait suite à la fin des mesures anti-Covid ayant bouleversé l’économie mondiale. Du fait qu’il était rendu plus difficile de faire ses courses, Amazon connut une envolée de ses cours en enregistrant, durant l’année 2020, la plus haute concentration capitaliste de l’histoire. Pour suivre les commandes, le groupe fut contraint d’embaucher en masse. L’assignation à résidence contraignait les nombreux travailleurs de par le monde à trouver une activité de substitution.
Facebook et autres outils numériques furent abondamment utilisés pour rester connectés avec sa famille et ses proches, justifiant, là encore, que les effectifs des GAFAM soient augmentés en conséquence.
Et l’on peut citer de nombreuses entreprises pour lesquels la période Covid a été un moyen d’augmenter considérablement leurs revenus. Je pense par exemple à Zoom, Cisco et de nombreux autres outils de communication. La raison est simple : les gens alors confinés par leurs gouvernements ont cherché par tous les moyens à garder du lien avec la famille, les amis, les proches et même les collègues.
Zoom a d’ailleurs annoncé – comme les autres – le licenciement de 1 300 salariés soit 15 % de sa masse salariale en février 2023 !
En réalité, la quasi-totalité des employés licenciés par les GAFAM en 2022 n’étaient que des salariés recrutés sur le tard afin de répondre à la demande de ce qu’il convient d’appeler l’économie Covid.
La menace du virus étant écartée, les activités reprennent comme en 2019 et les GAFAM se retrouvent également moins sollicités – ou en tout cas – ils n’ont plus besoin la force de travail recrutée durant le COVID. C’est à cela que tient le licenciement de la masse salariale des grands du numérique.
Et, je passe sur Meta et sa stratégie Metaverse qui s’est simplement avérée est un échec complet et une surévaluation de l’importance du Metaverse (en tout cas pour l’instant). Et ce n’est même pas moi qui le dis mais c’est le CEO de l’entreprise, Mark Zuckerberg, qui confirme son erreur (voir l’article ci-dessous).
Voir :
- Meta to lay off more than 11,000 employees: ‘I got this wrong’ says Zuckerberg
- Meta Layoffs – Facebook Continues To Cut Costs By Cutting Headcount (EN)
- Facebook layoffs will likely hit most departments, including Mark Zuckerberg’s beloved metaverse division (EN)
Les GAFAM des géants plus fragiles qu’on le croit
Présentés comme des géants indéboulonnables du fait de leur patrimoine – le chiffre d’affaires de chacun des GAFAM dépassant le PIB de certains pays développés – ces grands noms du numérique, malgré leurs récents succès, ont toutefois prouvé être facilement ébranlables selon que la conjoncture économique leur est favorable ou non.
Aux Etats-Unis, la position des GAFAM semble d’être davantage précarisée après les licenciements de masse opérés. Je pense par exemple à Google qui semble pour l’instant avoir loupé son virage IA (en tout cas pour l’instant). Et pour cause, la plupart des travailleurs licenciés ayant occupé des hautes fonctions parmi leurs effectifs ont acquis une expérience inestimable. 🤓
Une expérience que ceux-ci s’empressèrent de mettre à leur profit une fois libre de toute obligation contractuelle notamment en créant de nouvelles entreprises – comme il semble que ce soit la tendance actuelle aux Etats-Unis… 😉
Voir :
Que deviennent les salariés débarqués des GAFAM ?
En seulement un an, 63 % des effectifs licenciés par les GAFAM sont parvenus à retrouver un travail en lien avec celui qu’ils occupaient alors. C’est-à-dire dans le secteur des hautes-technologies. Ces emplois, ceux-ci l’occupent en tant que salarié, mais aussi et surtout en tant qu’entrepreneurs. 🤓
Nombreuses sont en effet les start-up à voir le jour et à fleurir en masse après les licenciements historiques opérés par les GAFAM. L’expérience acquise, à n’en point douter, a permis à ces nouveaux entrepreneurs d’élaborer un projet professionnel cherchant à exploiter le potentiel des nouvelles technologies – en particulier dans le domaine de l’intelligence artificielle puisque c’est la mode ces derniers mois.
D’après plusieurs statistiques et notamment sur cet article, on estime en effet que le revenu médian de ces travailleurs récemment licenciés aurait de 13 000 dollars dans l’année (statistique Etats-Unis).
Les GAFAM ont-ils engendré l’après-GAFAM ?
On estime que 91 % des créateurs d’entreprise, durant l’année 2022, sont en compétition avec leurs anciens employeurs parmi les GAFAM, et notamment Google. Encore trop peu versés dans le milieu de l’I.A, courant après cette nouvelle incrémentation des technologies du numérique, les GAFAM pourraient être présent à la remorque de ceux qui furent leurs anciens employés.
Par cette vague de licenciements, les GAFAM ont engendré une nouvelle ère d’entrepreneurs du numérique qui, à terme, pourrait les rejoindre (à nouveau) voire les supplanter. Car même si Microsoft a fait l’actualité en agrégant son moteur de recherches Bing avec des morceaux de ChatGPT… de nombreux observateurs se sont interrogés et ont été surpris par le manque d’innovation notamment de Google qui est apparue très en retard sur ce point lors de sa dernière conférence.
Evidemment, ce n’est qu’une réflexion. J’imagine bien que ça va être bien plus complexe que ça… Et, nous savons tous comment fonctionnent les GAFAM : lorsqu’ils voient quelque-chose qui leur plaît ils sortent le carnet de chèque… Nul doute donc qu’une partie de ces nouvelles startups soient à nouveau intégrées et rejoignent d’une manière ou d’un autre les grandes entreprises de la Tech dans un avenir proche. Dans l’intervalle, je souhaite à ces nouvelles entreprises plein de succès !
Comme le disait Thucydide, l’histoire est un perpétuel recommencement… 🙂