En 1848, l’Administration des Postes lançait l’impression d’un timbre à 20 centimes en noir et à 1 franc en rouge. Alors oui, le moins que l’on puisse dire c’est que le prix a beaucoup évolué puisqu’à l’époque il s’agissait de FR et non pas d’EUR...
La Poste a toujours eu des difficultés à se transformer et à chercher des leviers de croissances. Le nombre de lettres se réduit et il y a de plus en plus d’acteurs concurrents sur la gestion des colis (Kiala, DHL, Fedex, …).
C’est au tour du timbre rouge de disparaître en tout cas dans la version papier que vous avez probablement déjà utilisé. En effet, depuis janvier 2023, il n’est plus désormais plus possible d’acheter des timbres rouges.
Le timbre rouge numérique et ses conséquences
En dépit d’une opposition syndicale marquée, le timbre rouge numérique aura finalement été validé. Comme convenu, son entrée en application fut actée à compter du premier janvier 2023. Malgré l’avancée technique que représente cette mesure envisagée par La Poste, de nombreuses réticences, encore à ce jour, pointent du doigt cette innovation. Loin de faire l’unanimité, le timbre rouge numérique est aujourd’hui le symptôme des potentiels méfaits du tout numérique.
L’entrée en application de la e-Lettre rouge depuis le 1er janvier 2023
Quand, encore l’année précédente, il était possible d’acheter un timbre rouge pour affranchir un courrier prioritaire, une toute nouvelle procédure est aujourd’hui de mise. Les usagers de La Poste qui souhaiteront faire parvenir leur courrier rapidement devront en effet avoir recours au timbre rouge numérique et ce, sans qu’aucune alternative ne leur soit proposée !
Annoncé depuis le mois de juillet 2022, ce timbre rouge numérique, comme son nom l’indique, n’a plus rien de physique. Afin de l’envoyer à un destinataire, l’expéditeur sera tenu de se connecter directement au site laposte.fr pour y rédiger son courrier et payer en ligne. De là, le bureau de poste situé le plus proche du destinataire imprimera la e-Lettre rouge prioritaire afin de la lui porter au plus tôt.
Les plus à l’aise avec l’utilisation de procédures numériques pourraient trouver la mesure banale et même pratique du fait qu’elle accélère l’envoi d’un courrier prioritaire. Cependant, nombreux sont les réfractaires à cette manière de procéder et ce, pour plusieurs raisons.
Les inconvénients soulevés par le timbre rouge numérique
Le premier grief que pose cette innovation tient au caractère strictement numérique de la procédure. Bien que les usagers aient de plus en plus souvent recours à leur smartphone et leur ordinateur pour de nombreuses habitudes d’achat et de consommation, beaucoup, encore à ce jour, n’ont pas accès à Internet ou ne savent pas se servir d’outils informatiques.
Les populations les plus âgées sont ainsi les plus exposées à la « fracture numérique », phénomène qui met en exergue l’incapacité d’une certaine population à pouvoir user des outils numériques s’étant substitués à leurs habitudes d’achat.
La Poste ne propose par ailleurs aucune aide effective. Les employés ne sont en effet pas tenus d’effectuer la procédure pour le compte d’usagers qui ne seraient pas capables de le faire. L’usage du timbre rouge, bien qu’il relève d’un service public, devient alors inaccessible pour une partie de la population. Cet état de fait soulève ainsi un problème d’ordre pratique, mais aussi d’ordre éthique.
Autre inconvénient, le fait de devoir rédiger son courrier à distance pose un problème flagrant en termes de confidentialité. Le personnel chargé d’affranchir le courrier, en effet, pourra potentiellement avoir accès au contenu de tout courrier prioritaire du fait que l’expéditeur dépendra d’eux pour faire parvenir sa lettre.
Le problème ne tient finalement pas au timbre rouge numérique en lui-même, mais à la totale absence d’alternative offerte aux usagers. Mettre à disposition une e-Lettre rouge pour ceux disposés à en faire usage tout en conservant le timbre rouge classique eut été moins problématique. Le tout numérique, ainsi, n’en finit pas de diviser.
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